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actuelle des jeunes talents ; mais j’ai très-rarement éprouvé la même sympathie au début de ma carrière littéraire. Je ne saurais nommer un seul homme de mérite dont je n’aie eu à essuyer la critique. Immédiatement après la publication de Werther, on y trouva tant de choses à blâmer, que si j’avais voulu effacer tous les endroits attaqués, il ne serait pas resté une seule ligne de tout le livre. Mais ce blâme ne me nuisait pas ; car ces jugements personnels de quelques hommes, même distingués, étaient balancés par le suffrage de la foule ; mais celui qui n’attend pas un million de lecteurs, ne devrait jamais écrire une ligne.

Maintenant, le public dispute depuis vingt ans, pour savoir lequel est le plus grand de Schiller ou de moi ; il devrait plutôt se réjouir d’avoir deux hommes sur lesquels il puisse ainsi disputer.


Le sentiment vif des situations et la fa-