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Dans tout artiste, il y a un germe de hardiesse, sans lequel le talent ne se conçoit pas, et qui perce particulièrement lorsqu’on veut imposer des limites à son imagination, ou l’employer comme instrument à la réalisation d’une idée étroite.


Raphaël est encore ici, parmi les artistes modernes, le talent le plus pur. Il est parfaitement naïf. Chez lui le réel n’est point en opposition avec le moral et le religieux. Le tapis sur lequel est représenté l’Adoration des Rois, chef-d’œuvre de composition qui ne peut être surpassé, nous montre tout un monde, depuis le vieux prince en prières jusqu’au maure, et au singe qui s’amuse avec une pomme sur le dos du chameau. Saint Joseph devait aussi être caractérisé d’une manière tout-à-fait naïve, comme père nourricier qui se réjouit des présents apportés par les mages.