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Les questions les plus importantes qui s’adressent au sentiment comme à l’intelligence, à l’expérience comme à la réflexion, ne doivent se traiter que de vive voix ; et cependant un mot à peine prononcé, n’existe plus pour l’auditeur, si les suivants ne le lui rappellent par l’enchaînement des pensées. Qu’on fasse attention à une conversation du monde : si la parole n’est pas morte lorsqu’elle arrive à l’auditeur, il la tue par les contradictions, les définitions, les restrictions, les observations et les divagations si naturelles dans la conversation. La parole écrite est encore plus maltraitée. Chacun ne veut lire que les ouvrages auxquels il est accoutumé ; il demande, sous une forme nouvelle, les idées qui lui sont déjà connues et familières. Les ouvrages écrits ont néanmoins l’avantage d’être durables et de pouvoir attendre le moment où il leur sera donné d’agir sur le monde.