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qui exprime la différence entre le peuple considéré d’une manière abstraite, et le peuple proprement dit (Volkheit-Volk). C’est le même rapport qu’entre l’enfance et l’enfant ('Kindheit-Kind). Le précepteur doit écouter l’enfance et non l’enfant. Le législateur et l’homme qui gouverne doivent entendre de même la voix du peuple. Le peuple ainsi conçu exprime toujours la même chose. Il est sage, raisonnable ; ses intentions sont pures et vraies. Le peuple, comme on l’entend vulgairement, ne sait ce qu’il veut. C’est dans le premier sens que la loi peut être l’expression de la volonté générale des peuples, volonté que la foule ne manifeste jamais, que le politique éclairé comprend, à laquelle l’homme sage sait se conformer, et que le bon prince se plait à satisfaire.


De quel droit gouvernons-nous ? Ce n’est pas la question. Nous gouvernons. Que le peuple ait le droit de nous renverser, c’est ce dont nous nous inquiétons peu ; nous