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Ottilie ouvrit ses beaux yeux et se leva. L’hôtesse lui offrit à déjeuner, elle refusa d’un geste. Édouard renvoya l’hôtesse qui venait de rassembler toutes ses forces, et se présenta devant la jeune fille.

— Je t’en supplie, lui dit-il, adresse-moi un mot, un seul mot. Fais-moi du moins connaître ta volonté ? donne-moi tes ordres, je t’obéirai.

Elle garda le silence. Il lui demanda de nouveau avec amour, avec délire, si elle voulait lui appartenir. Elle baissa les yeux et sa belle tête s’agita avec une grâce ineffable, mais ce mouvement était un signe négatif.

— Veux-tu te rendre à la pension ? lui demanda Édouard avec égarement.

Elle secoua la tête d’un air indifférent ; mais lorsqu’il lui demanda si elle voulait lui permettre de la ramener près de Charlotte, elle y consentit par un geste plein de confiance. Il ouvrit la fenêtre pour donner des ordres au cocher, Ottilie profita de ce moment pour glisser rapidement derrière lui. Sortant de la chambre avec la rapidité de l’éclair, elle descendit l’escalier et s’élança dans la voiture. Le cocher prit le chemin du château ; Édouard suivit la voiture à cheval, mais à une certaine distance.


Quelle ne fut pas la surprise de Charlotte, lorsqu’elle vit entrer en même temps dans la cour du château la voiture qui ramenait Ottilie, et son mari qui la suivait à cheval. Sans se rendre compte de ce singulier événement, elle courut recevoir ces hôtes inattendus. La