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nte. Sans se laisser déconcerter par le sourire ironique du Lord, il attacha plusieurs morceaux de métaux à des fils, et les tint suspendus au-dessus d’autres métaux posés sur la table.

— Je ne trouve pas mauvais, Milord, dit-il, que vous vous égayiez aux dépens de mon impuissance. Je sais depuis longtemps que pour et par moi rien ne s’agite, aussi mon expérience n’est-elle en ce moment qu’un prétexte pour piquer la curiosité des dames, qui ne tarderont pas à revenir.

Bientôt elles rentrèrent en effet au salon. Charlotte devina à l’instant le but de l’opération de l’Anglais.

— J’ai souvent entendu parler de ces sortes d’expériences, dit elle, mais je n’en ai jamais vu faire. Puisque vous vous y livrez en ce moment, laissez-moi essayer si je pourrais obtenir un effet quelconque.

Et prenant le pendule à la main, elle le soutint sans émotion et avec le désir sincère de le voir s’agiter ; tout resta immobile. Ottilie essaya à son tour. Ignorant ce qu’elle faisait, son esprit était plus tranquille et plus calme encore que celui de sa tante ; mais à peine eut-elle approché le métal suspendu au bout du pendule, du morceau de métal posé sur la table, que le premier se mit en mouvement comme entraîné par un tourbillon irrésistible. Tantôt il tournait à droite ou à gauche, en cercle ou en ellipses, et tantôt il prenait son élan en lignes perpendiculaires, selon la nature du métal posé sur la table, et que l’Anglais ne pouvait se lasser de changer afin de varier et de multiplier les expériences. Ce succès, presque merveilleux, causa au Lord une vive surprise et dépassa toutes les espérances de son compagnon de voyage.

Ottilie qui s’était prêtée avec beaucoup de