Luciane accourut en ce moment et demanda quel était le sujet de leur conversation.
— Nous parlions d’une collection de dessins, lui dit son futur, que cet aimable artiste m’a promis de me montrer incessamment.
— Qu’il l’apporte tout de suite, s’écria Luciane.
Et saisissant les deux mains de l’artiste, elle ajouta d’une voix caressante :
— N’est-il pas vrai, Monsieur, que vous l’apporterez tout de suite ?
— Il me semble, Madame, que cet instant est peu convenable pour un pareil examen.
— Quoi ! Monsieur, dit-elle d’un ton ironiquement impérieux, vous oseriez résister aux ordres de votre reine !
Puis elle se remit à le prier et à lui prodiguer les plus gracieuses flatteries.
— N’y mettez pas d’obstination, murmura Ottilie en se penchant à l’oreille de l’artiste, qui s’éloigna aussitôt après avoir fait une inclination respectueuse, mais qui ne promettait rien.
Dès qu’il fut sorti, Luciane se mit à jouer à travers le salon avec un grand lévrier. Le pauvre animal se réfugia auprès de Charlotte. La jeune étourdie le poursuivit avec tant d’ardeur qu’elle manqua de renverser sa mère.
— Ah ! que je suis malheureuse de ne pas avoir amené mon singe ! s’écria-t-elle tout à coup. J’en avais l’intention, on m’en a détourné pour flatter la paresse de mes gens ; mais je veux qu’on aille le chercher dès demain. Si j’avais seulement son portrait ! Oh ! je le ferai faire, et son image du moins ne me quittera jamais ; elle me consolera, quand je ne pourrai pas avoir l’original près de moi.