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es comme le tonnerre des canons, on entendait le sifflement des fusées, des balles luisantes et des serpenteaux, le craquement des roues et des soleils, et le bruissement des pluies de feu.

Édouard suivait avec ravissement du regard et de la pensée tous ces météores qui s’élançaient dans les airs, tantôt les uns après les autres, et tantôt tous à la fois. Mais pour la tendre et douce Ottilie, déjà intimidée par tout ce qui avait précédé cet instant, ces apparitions bruyantes et éphémères furent plutôt un objet d’effroi que de plaisir. Dominée par la peur, elle se rapprocha de son ami, qui ne vit dans ce mouvement qu’une preuve de confiance, et la promesse réitérée de lui appartenir pour toujours.

La nuit avait repris ses droits que l’éclat du feu d’artifice venait de lui disputer ; la lune argentait seule les étangs, et éclairait l’étroit sentier sur lequel les deux amants retournaient au château. Tout à coup un homme se présenta devant eux et leur demanda l’aumône, et Édouard reconnut l’insolent qui l’avait forcé à prendre des mesures contre l’importunité des mendiants. Trop heureux pour ne pas chercher à étendre ce bonheur sur tout ce qui l’entourait, il jeta une pièce d’or dans le chapeau de cet homme.

Grâce à l’habileté du chirurgien et aux soins empressés de Charlotte, l’enfant était presque entièrement remis, et la santé du Capitaine et des hommes qui l’avaient secondé ne courait plus aucun danger ; toutes les mesures de précaution nécessaires en pareil cas ayant été prises a temps.

La catastrophe de l’étang avait laissé une certaine inquiétude dans l’esprit de tout le monde, aussi les