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du château. Peut-être sont-elles encore ensemble ; et Dieu sait à quelles suppositions bizarres notre excursion pourrait donner lieu.

— Oh ! ne crains rien, la Baronne est avertie, je suis sûr de la trouver seule dans sa chambre.

Édouard prit un bougeoir, et, marchant devant son ami, il descendit le grand escalier, traversa un long vestibule et monta ensuite un escalier dérobé qui les conduisit dans un passage fort étroit. Là, il remit le bougeoir au Comte, et lui indiqua du doigt une petite porte en tapisserie ; cette porte s’ouvrit au premier signal, se referma aussitôt, et laissa Édouard seul, dans une profonde obscurité et à quelques pas d’une autre porte dérobée, donnant dans la chambre à coucher de sa femme.

Le Baron prêta l’oreille, car il venait d’entendre Charlotte demander à sa femme de chambre qui venait de la déshabiller, si Ottilie était couchée.

— Non, madame, elle est encore occupée à écrire, répondit la femme de chambre.

— C’est bien. Allumez la veilleuse, j’éteindrai moi-même la bougie ; il est tard, retirez-vous.

La femme de chambre sortit par les appartements donnant sur le grand escalier, et Charlotte resta seule dans sa chambre à coucher.

En apprenant qu’Ottilie travaillait pour lui, le Baron s’était laissé aller à un mouvement de joie ; son imagination s’exalta, il voyait la jeune fille assise devant lui, il entendait les battements de son cœur, il respirait son haleine. Un désir brûlant, irrésistible le poussa vers elle ; mais sa chambre ne donnait pas sur ce passage secret, elle n’avait point de communication mystérieuse, La porte dérobée devant laquelle il se