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n'est pas loin du petit bois. Dans toute l'année, il ne passe pas un homme ni une femme dans ce pays-là; il n'est hanté que par la chouette et le hibou. C'est là que j'ai enfoui le trésor. L'endroit s'appelle Krekelborn, remarquez-le bien! Allez-y vous-même avec votre épouse; personne ne serait assez sûr pour le charger d'un tel message et il y aurait trop à perdre; je ne vous le conseille pas. Allez-y vous-même. Vous passerez près de Krekelborn; vous apercevrez ensuite deux jeunes bouleaux et, remarquez-le bien, l'un n'est pas loin de la source; dirigez-vous tout droit sur les bouleaux: le trésor est au pied. Grattez et creusez la terre; vous trouverez d'abord de la masse entre les racines; vous découvrirez tout de suite les joyaux les plus riches en or fin artistement travaillé; vous y trouverez aussi la couronne d'Eimery; si la volonté de l'ours s'était réalisée, c'est lui qui devrait la porter. Vous verrez, en outre, mainte parure et maint joyau chefs-d'œuvre d'orfèvrerie; on n'en fait plus comme cela; qui voudrait les payer? Quand vous verrez, sire, toutes ces richesses sous vos yeux, oui, j'en suis sûr, vous m'honorerez dans votre souvenir. Reineke, vous direz-vous, honnête renard, toi qui as caché si sagement tant de trésors sous la mousse, puisses-tu être heureux partout et toujours!» C'est ainsi que parla l'hypocrite.

Le roi repartit: «Il faut que vous m'accompagniez; car comment trouverai-je l'endroit tout seul? J'ai bien entendu parler d'Aix-la-Chapelle, de Lubeck, de Cologne et de Paris; mais jamais de ma vie je n'ai entendu nommer Husterlo non plus que Krekelborn; ne dois-je pas craindre que tu ne nous fasses de nouveaux mensonges et que tu n'inventes tous ces noms?»