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« N'y aurait-il pas moyen de faire payer cher à ce lourdaud son orgueilleuse éloquence? Songeons-y un peu.» Il descendit dans les caves du château, dont les fondements avaient été bâtis avec beaucoup d'art. Il s'y trouvait des trous et des cavernes avec des corridors longs et étroits et quantité de portes qu'on ouvrait et fermait suivant les nécessités du moment. Apprenait-il qu'on le recherchât pour quelque méfait, il trouvait là le meilleur asile. Souvent aussi de pauvres animaux s'étaient laissé prendre dans ces méandres, et étaient devenus la proie du brigand. Reineke avait bien entendu le discours de l'ours; mais, avec sa prudence habituelle, il craignit qu'il n'y eût quelque embuscade derrière le messager. Mais, quand il se fut assuré que l'ours était bien venu tout seul, il sortit et dit: «Soyez le bienvenu, mon très-digne oncle! Pardonnez-moi si je vous ai fait attendre; je lisais mon bréviaire. Je vous remercie d'avoir pris la peine de venir. Car certainement cela ne me sera pas inutile à la cour; je l'espère du moins. Mon cher oncle, soyez le bienvenu à toute heure! En attendant, que le blâme retombe sur ceux qui vous ont commandé ce voyage; car il est long et périlleux! Ô ciel! comme vous êtes échauffé! vos poils sont couverts de sueur, et vous respirez à peine. Est-ce que le roi n'avait pas d'autre messager que le plus noble de ses seigneurs, celui dont il fait le plus de cas? Mais il devait sans doute en être ainsi pour mon plus grand bien; je vous en prie, protégez-moi à la cour, où l'on m'a tant calomnié. Mon intention était de m'y rendre librement demain, malgré le mauvais état de ma santé, et c'est encore mon projet; aujourd'hui, je suis trop mal pour me mettre en voyage. J'ai eu le malheur de trop manger d'un aliment qui ne convient guère; car il me donne de terribles coliques.--Qu'est-ce donc? lui demanda Brun.