leur camarade, lorsqu'ils virent son mal et son croupion déshonoré. Sire, vous comprenez qu'on ne pourra jamais dire cela de Reineke, car ses amis ne rougiront jamais de lui. Je vous remercie mille fois de toutes les grâces que vous m'avez faites, et, toutes les fois que je pourrai connaître votre volonté, je me ferai un vrai bonheur de la mettre à exécution.
— Nous n'avons pas besoin de tant de paroles, répondit le roi; j'ai tout entendu et j'ai compris tout ce que vous vouliez dire. Je veux comme autrefois vous voir siéger dans mon conseil en qualité de noble baron et je vous impose le devoir de participer à toute heure à mon conseil intime; je vous rends tous vos honneurs et tout votre pouvoir, comme vous le méritez, je l'espère. Aidez-moi à gouverner tout pour le mieux. Je ne puis guère me passer de vous à la cour, et, si vous joignez la vertu à la sagesse qui vous distingue, personne n'aura le pas sur vous et ne fera prévaloir ses conseils sur les vôtres. Dorénavant, je n'écouterai plus les plaintes que l'on pourrait porter contre vous, et vous agirez toujours à ma place, en qualité de chancelier de l'empire. Mon sceau vous sera confié, et ce que vous aurez fait et écrit restera fait et écrit.»
Voilà de quelle façon Reineke arriva au comble des honneurs et comment tout ce qu'il conseille et décide, en bien ou en mal, a force de loi.
Reineke remercia le roi en disant: «Mon noble souverain, vous me faites beaucoup trop d'honneur; je ne l'oublierai jamais, tant que je jouirai de ma raison. L'avenir vous le prouvera.»
Nous dirons en peu de mots ce que faisait le loup pendant ce temps-là. Il gisait dans la lice vaincu et en piteux état; sa femme et ses enfants allèrent à lui, et Hinzé le chat, l'ours, son enfant, sa