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celui qui sait bien parler, on l'élève en dignité, il devient lecteur, custode ou prieur; les autres sont mis de côté. Les plats sont inégalement servis; car il y en a qui passent la nuit dans le chœur à chanter, à lire, autour des tombeaux, tandis que les autres ont du bon temps, du repos, et mangent les meilleurs morceaux. Et les légats du pape, les abbés, les prieurs, les prélats, les béguines et les moines, qu'il y aurait à dire là-dessus! partout la devise est: Donnez-moi le vôtre et laissez-moi le mien. On en trouverait bien peu, pas sept peut-être, qui mènent une sainte vie, suivant la règle de leur ordre. Voilà comment l'état ecclésiastique est faible et défectueux.

— Mon oncle, dit le blaireau, je trouve étrange que vous confessiez les péchés d'autrui. À quoi cela vous servira-t-il? Il me semble que vous avez assez des vôtres. Dites-moi, mon oncle, qu'avez-vous à vous tourmenter de l'état ecclésiastique, de ceci et de cela? Que chacun porte son fardeau, que chacun réponde de la manière dont il remplit les devoirs de son état; personne ne pourra se soustraire, ni jeunes ni vieux, dans le siècle ou bien dans le cloître, vous parlez trop de toutes sortes de choses et vous pourriez m'induire en erreur à la fin. Vous savez parfaitement le train du monde et l'arrangement de toutes les choses; personne ne ferait un meilleur prêtre. Je devrais venir, avec d'autres ouailles, me confesser près de vous, écouter votre enseignement et puiser à votre sagesse; car, je dois l'avouer, la plupart d'entre nous sont lourds et grossiers et en auraient bien besoin.»

Quand ils approchèrent de la cour, Reineke dit: «Le sort en est jeté!» et il prit son courage à deux mains. Ils rencontrèrent Martin le singe, qui se mettait en route pour Rome; il les salua tous deux. «Mon cher oncle, prenez courage,» dit-il au renard.