Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/127

Cette page n’a pas encore été corrigée


Reineke dit au blaireau: «Avouez, mon neveu, que j'ai des enfants charmants. Ils plaisent à tout le monde. Dites-moi, comment trouvez-vous Rousseau et Reinhart, le petit? Ils augmenteront un jour notre famille; pour le moment, ils commencent à se former petit à petit, ils font ma joie du matin jusqu'au soir. L'un me prend un poulet, l'autre met la patte sur un gâteau; ils plongent même bravement dans l'eau pour attraper les canards et les vanneaux. Je voudrais bien les envoyer à la chasse plus souvent; mais il faut que je leur apprenne avant tout la prudence et les précautions à prendre pour savoir se garer des lacets, des chasseurs et des chiens. Une fois au fait et bien dressés comme il faut, alors ils chasseront tous les jours et rien ne manquera à la maison. Ils chassent déjà de race et savent déjà maints tours. Quand ils s'y mettent, les autres animaux s'enfuient; ils sautent à la gorge de l'ennemi, qui ne gigotte pas longtemps. C'est la façon de Reineke. Ils savent aussi happer vivement, et leur bond est infaillible; voilà ce qu'il faut!»

Grimbert dit: «C'est un honneur et une cause de joie d'avoir des enfants comme on le désire et qui s'habituent de bonne heure à aider leurs parents dans leurs métiers. Je me félicite de tout mon cœur de les savoir de ma famille et j'en attends des merveilles.

— Laissons cela, répliqua Reineke; allons nous coucher; car nous sommes tous las et Grimbert surtout doit être fatigué.» Et ils se couchèrent dans la salle, dont le plancher était tout couvert de foin et de feuilles, et dormirent tous ensemble. Mais Reineke veillait de frayeur; il lui semblait que la chose valait qu'on y pensât, et le matin le trouva encore plongé dans sa méditation. Il se leva de sa couche et dit à sa femme: «Ne vous inquiétez pas! Grimbert m'a prié de l'accompagner à