Page:Goethe - Le Renard, 1861, trad. Grenier.djvu/108

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laissera pas partir de si tôt ; vous ne voulez pas troubler sa joie ? »

Bellyn répondit : « J’ai entendu crier ; qu’était-ce donc ? J’ai cru reconnaître la voix de Lampe ; il criait : « Bellyn, au secours ! au secours ! » Lui avez-vous fait du mal ? » Le malin renard lui dit : « Écoutez-moi bien ! Je parlais du pèlerinage que j’ai fait vœu de faire : à cette nouvelle, ma femme tomba dans le désespoir, une frayeur mortelle la saisit ; elle tomba sans connaissance. Lampe le vit et en fut effrayé, et, dans son trouble, il se mit à crier : « Au secours, Bellyn, Bellyn ! oh ! venez vite, ma cousine n’en reviendra pas ! »

—Tout ce que je sais, dit Bellyn, c’est qu’il a jeté des cris de frayeur.—Il ne lui est pas tombé un cheveu de la tête, assura le perfide ; j’aimerais mieux qu’il m’arrivât du mal à moi-même qu’à Lampe. Savez-vous, ajouta Reineke, qu’hier, le roi m’a prié, si je passais à la maison, de lui dire mon avis par écrit sur certaines affaires d’importance ; mon cher neveu, vous chargez-vous de ces lettres ? elles sont prêtes. Je lui dis d’excellentes choses et lui donne les meilleurs avis. Lampe était dans la jubilation, je l’entendais avec plaisir se rappeler, avec sa cousine, toutes sortes de vieilles histoires. Comme il bavardait ! il n’en finissait pas ! C’est pendant qu’il mangeait, buvait et s’amusait ainsi, que j’ai écrit ces lettres.

—Mon cher renard, dit Bellyn, il faut bien envelopper ces lettres ; il faudrait une poche pour les porter. Si le cachet venait à se briser, je m’en trouverais mal. » Reineke lui dit : « Je vais y pourvoir, la besace que l’on m’a faite avec la peau de l’ours fera parfaitement l’affaire, je suppose ; elle est épaisse et forte ; je vais y mettre les lettres. Je suis sûr qu’en revanche le