prospérité. Tout commencement est difficile, surtout le commencement d’un ménage. On a besoin de mille choses, et tout renchérissant de jour en jour, il faut aviser aux moyens de gagner plus d’argent. Voilà pourquoi, mon Hermann, j’attends que bientôt tu m’amènes ici une fiancée pourvue d’une belle dot, car, un vaillant garçon mérite une fille riche ; puis, cela est si agréable de voir, à la suite de la petite femme tant souhaitée, entrer corbeilles et caisses remplies d’un trousseau utile. Ce n’est pas en vain que, durant maintes années, la mère prépare en abondance, pour sa fille, le gros et le fin linge ; que le parrain et la marraine font des cadeaux d’argenterie, et que le papa met de côté, dans son secrétaire, les rares pièces d’or, car les biens de l’épousée doivent, à l’avenir, en même temps que sa personne, réjouir le jeune homme qui l’a choisie entre toutes. Oui, je sais comme la nouvelle mariée se trouve satisfaite en une maison où elle reconnaît ses propres effets, soit dans la cuisine, soit dans les chambres, et où elle a elle-même fourni draps, nappes et serviettes. Donc, je ne voudrais voir arriver près de moi qu’une fiancée bien nippée, parce que, à la fin, le mari méprise la femme pauvre, et traite comme servante celle qui est entrée, telle qu’une servante, chez lui, son petit paquet à la main. Le temps de l’amour passe, l’homme reste injuste. Je te le
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