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BOTANIQUE.

feuilles, un grand nombre étaient collés à la face supérieure, les uns vivants, les autres morts. Qu’ils aient subi leurs métamorphoses à cette place ou qu’ils y aient péri, toujours est-il certain que ces insectes ne sécrètent pas le suc dont il est ici question. J’ai vu des tilleuls dont les feuilles semblaient vernies, et où on ne voyait pas un seul insecte.

Ce suc est sécrété par la plante elle-même. Près du tilleul dont nous parlons, il y en avait un autre qui n’en offrait aucune trace ; de même on n’en observait pas ou très peu sur les tilleuls en fleurs.

Le 5 juin, après une pluie légère et de peu de durée, des abeilles bourdonnaient en nombre immense autour des tilleuls non fleuris, et recueillirent le suc mielleux répandu sur les feuilles. La pluie avait probablement dissous les parties dont elles n’auraient pu faire usage, et elles s’emparaient du résidu. Cette hypothèse est très probable, car jamais je n’ai vu des abeilles se poser sur les tilleuls qui présentaient des excrétions sucrées. Les groseillers blancs étaient couverts de miellat, tandis que les groseillers rouges qui se trouvaient à côté en étaient complètement exempts.

Après toutes ces remarques, j’ose hasarder une explication. Pendant le mois de mai, les branches et les feuilles s’étaient singulièrement développées ; le mois de juin fut pluvieux et froid ; de là, un arrêt dans la végétation ; tous les sucs qui circulaient dans les racines, la tige et les branches s’accumulèrent dans les rameaux et dans les feuilles ; mais l’air froid et chargé de vapeur d’eau s’opposait à l’évaporation, et finit par déterminer une véritable congestion (36). Tout-à-coup l’air devint sec, et le thermomètre s’éleva à 26 degrés.

Alors les herbes et les arbres qui tiennent en réserve une grande quantité de sucs destinés au dé-