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INTRODUCTION.

qu’elle est encore entourée de son périsperme, vous trouverez, après l’avoir dépouillée de cette enveloppe, d’abord deux cotylédons que l’on compare à tort au placenta ; car ce sont de véritables feuilles, tuméfiées, il est vrai, remplies de fécule, mais qui verdissent à l’air : puis on observe la plumule qui se compose elle-même de deux feuilles développées et susceptibles de se développer encore ; si vous réfléchissez que derrière chaque pétiole il existe un bourgeon, sinon en réalité du moins en possibilité : alors vous reconnaîtrez dans la graine qui nous paraît simple au premier abord, une réunion d’individualités que l’idée suppose identiques et dont l’observation démontre l’analogie.

Ce qui est identique selon l’esprit, est aux yeux de l’observation quelquefois identique, d’autres fois semblable, souvent enfin tout-à-fait différent et dissemblable, c’est en cela que consiste la vie accidentée de la nature telle que nous voulons la présenter dans ce livre.

Citons encore un exemple pris dans le dernier degré de l’échelle animale. Il est des infusoires qui présentent une forme très simple, lorsque nous les voyons nager dans l’eau ; dès que celle-ci les laisse à sec, ils crèvent et se résolvent en une multitude de petits granules ; cette résolution est probablement un phénomène naturel qui aurait lieu tout aussi bien dans l’eau, et qui indique une multiplication indéfinie. J’en ai dit assez sur ce sujet pour le moment, puisque ce point de vue doit se reproduire dans tout le cours de cet ouvrage.

Lorsqu’on observe des plantes et des animaux inférieurs, on peut à peine les distinguer. Un point vital immobile, ou doué de mouvements souvent à peine sensibles, voilà tout ce que nous apercevons. Je n’oserais affirmer que ce point peut devenir l’un ou l’autre suivant les circonstances ; plante sous l’influence de la lumière,