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BOTANIQUE.

Et moi aussi, je fus singulièrement frappé par une nouvelle qui me parvint avant que je connusse le jugement du public sur mon opuscule scientifique. Une société s’était formée dans une ville considérable d’Allemagne ; elle avait donné une grande impulsion sous le point de vue théorique et pratique. L’attrait de la nouveauté fit qu’on y lut ma brochure avec intérêt ; mais tout le monde en fut mécontent, tous assurèrent qu’on ne savait pas où je voulais en venir. Un de mes amis de Rome, qui partageait mon goût pour les arts, et avait pour moi de l’estime et de l’affection, fut blessé de voir mon travail ainsi critiqué et rejeté avec dédain ; car pendant notre liaison, qui dura long-temps, il m’avait entendu parler sur toute sorte de sujets d’une façon tout-à-fait logique et raisonnable. Il lut donc la brochure avec attention, et quoiqu’il ne comprît pas bien clairement ce que tout cela signifiait, le contenu lui plut ; il l’envisagea sous un point de vue artistique, et lui prêta une signification bien extraordinaire, mais bien ingénieuse.

« L’auteur, dit-il, a une intention secrète et cachée que j’ai parfaitement devinée ; il veut enseigner aux artistes à composer les arabesques avec des végétaux grimpants ou germants qu’il suit dans leur développement successif, en imitant la manière des anciens. La plante aura d’abord des feuilles très simples qui iront en se composant, se découpant, se multipliant peu à peu, et deviendront da plus en plus compliquées à mesure qu’elles s’approcheront de l’extrémité ; là elles se réuniront pour former la fleur, disséminer les graines au recommencer une vie nouvelle. À la Villa-Médicis, il existe des pilastres de marbre qui sont ainsi décorés, et c’est maintenant que je suis pénétré de leur signification. La fleur dépasse souvent la masse des feuilles, et, au lieu de graines, ce sont des