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BOTANIQUE.

feuilles. Dans l’œillet, nous avons un calice parfait, une corolle régulière, des ovaires existant au centre, et de plus des bourgeons qui se développent au-dedans de la corolle, et représentent de véritables rameaux et de véritables fleurs. Ces deux cas nous font voir que la nature, en formant la fleur, termine en général l’accroissement de la plante, et arrête, pour ainsi dire, l’addition, afin de prévenir la possibilité d’un développement graduel, mais indéfini, et d’atteindre plus rapidement son but en produisant la graine.

XVII.

Théorie de Linnée sur l’anticipation.


Si j’ai bronché çà et là dans une route qu’un de mes prédécesseurs (qui ne la suivit que sous la direction de son illustre maître) a jugée si dangereuse et si perfide[1] ; si je ne l’ai pas suffisamment aplanie ; si je n’ai pas levé, dans l’intérêt de mes successeurs, tous les obstacles dont elle est semée, je ne croirai point avoir pour cela fait un travail tout-à-fait inutile.

108.

Il est temps de parler de la théorie au moyen de laquelle Linnée s’est efforcé d’expliquer les phénomènes dont nous venons de parler. Les faits qui ont donné l’idée de cet essai n’ont pas échappé à la pénétration de son esprit ; et s’il nous est accordé de dépasser maintenant le point où il s’était arrêté, nous le devons aux efforts réunis

  1. Ferber, in præfatione dissertationis secundæ de prolepsi plantarum.