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ŒUVRES DIVERSES

SUR LA VÉRITÉ ET LA VRAISEMBLANCE

DANS LES ŒUVRES D’ART.

dialogue.

1798.

On avait représenté sur un théâtre d’Allemagne un édifice ovale, une sorte d’amphithéâtre, dans les loges duquel étaient peints de nombreux spectateurs, qui semblaient s’intéresser à ce qui se passait sous leurs yeux. Plusieurs spectateurs réels du parterre et des loges en furent mécontents, et trouvaient mauvais qu’on voulût leur faire accroire quelque chose de si contraire à la vérité et à la vraisemblance. À cette occasion, s’engagea à peu près la conversation suivante.

L’AVOCAT DE L’ARTISTE.

Voyons si nous ne pouvons par quelque voie parvenir à nous rapprocher.

LE SPECTATEUR.

Je ne comprends pas comment vous prétendez excuser une pareille exhibition.

L’AVOCAT.

N’est-il pas vrai que vous ne vous attendez pas, quand vous allez au spectacle, à trouver réel et véritable tout ce que vous y verrez ?

LE SPECTATEUR.

Non, mais je demande que du moins tout me semble réel et véritable.

L’AVOCAT.

Excusez-moi si je vous contredis en face, et si j’affirme que vous ne le demandez pas du tout.

LE SPECTATEUR.

Voilà qui serait étrange ! Si je ne le demandais pas, pourquoi