téressai vivement aux chants de la Grèce moderne, dont l’original et la traduction me furent confiés et que je désirai voir bientôt imprimés. Je lus aussi avec profit les Annales de Goetlingue, dont je trouvai plusieurs volumes dans la bibliothèque de Wiesbaden. En les parcourant de suite, avec une attention recueillie, je pus me rendre compte de ce que j’avais éprouvé et traversé, et de la valeur d’un pareil ouvrage, que le jour produit avec précaution et qui déploie son action dans le temps. Dans ce sens, il est infiniment agréable d’observer ce qui s’est passé depuis de longues années. On voit déjà enchaînés les causes et les effets ; tout ce qui était de peu de valeur est tombé eu poussière ; le faux intérêt du moment est évanoui ; la voix de la foule est expirée, et le bien qui survit ne peut être assez apprécié.
Je visitai successivement Cologne, Francfort, Heidelberg, et je pus reconnaître dans ce voyage combien j’avais perdu à notre malheureux état de guerre et d’esclavage, qui m’avait jusqu’alors séquestré dans un coin de notre patrie.
Un singulier bonheur m’attendait à Bieberich. S. A. I. l’archiduc Charles voulut bien, après une conversation intéressante, me faire la description de ses campagnes avec des cartes extrêmement précises et nettement gravées. Sur ces précieuses feuilles se trouvait justement la contrée de la Lahn, depuis Wetzlar jusqu’à Neuwied, et je fis l’observation qu’une bonne carte militaire serait la plus utile pour des études géognostiques : en effet, le soldat et le géognoste demandent, non pas à qui appartiennent la rivière, le pays et la montagne, mais l’un, en quoi ils peuvent être utiles à ses opérations,. l’autre, de quelle manière ils pourraient lui servir à compléter ou à confirmer ses expériencés.
Je garderai de mon retour un précieux souvenir. Je revins d’Heidelberg à Wurtzbourg avec Sulpice Boisserée. Affligés l’un et l’autre de nous quitter, nous préférâmes nous séparer sur un territoire étranger plutôt que sur le nôtre. De là je me rendis à Gotha par Meiningen et la forêt de Thuringe, et j’arrivai à Weimar le 11 octobre, après une absence de quelques semaines.
Je reçus chez moi plusieurs visites intéressantes, et les sciences naturelles m’occupèrent beaucoup, mais les arts ne