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chambre à coucher, si l’on peut donner ce nom à un petit cabinet éclairé par une seule fenêtre. Un lit simple, un fauteuil, un chétit lavabo qui porte une petite cuvette blanche et une éponge, voilà tout l’ameublement. Quiconque éprouve quelque sympathie pour l’homme grand et bon qui reposa dans ce lieu, et y rendit le dernier soupir, ne peut voir sans émotion cette simplicité touchante.

De l’autre côté du cabinet de travail, se trouve la bibliothèque, qui n’est, à vrai dire, qu’un dépôt de livres. Ils sont placés sur de simples rayons de sapin. De petits morceaux de papier, portant les indications Philosophie, Histoire, Poésie, etc., annoncent un certain arrangement.

Telle fut la maison de Goethe pendant les longues années qu’il l’habita. A l’époque où nous sommes arrivés, elle n’était pas encore achevée.- Le plaisir de s’y installer avec Christiane et leur premier-né, les loisirs studieux, lui offraient un agréable contraste après la vie agitée des camps. Henri Meyer avait quitté l’Italie et devint son commensal. Les Annales parleront de leurs travaux communs. Goethe nous dira aussi lui-même les pièces de théâtre que la révolution française lui inspira et l’agréable distraction qu’il trouvait à versifier en hexamètres les vieilles malices du Renard.

Il dut bientôt s’arracher à une si douce vie ; dès le mois de mai 1793, le duc le rappela auprès de lui sous les murs de Mayence. Nous le laisserons raconter lui-même sa nouvelle campagne.

Ce serait le moment de faire le récit de sa liaison avec Schiller ; mais qui en parlera d’une manière plus intéressante que Goethe luimême ? On verra dans ses Annales comment, après avoir éprouvé un mutuel éloignement, les deux grands poètes se rapprochèrent et s’unirent, pour la vie, de la plus intime amitié. Ou déplorera avec Goethe qu’une liaison si belle, si honorable et si féconde n’ait duré que dix ans.

Les Heures, journal littéraire que Schiller publiait avec le concours des meilleurs écrivains, furent un premier lien entre les deux amis. Goethe donna pour ce recueil deux épîtres, puis les Entretiens d’émigrés allemands, les Êléyies romaines, l’article sur le Sansfidottisme littéraire, "etc.

Bientôt il communiqua à Schiller le manuscrit de Wilhelin Meister. Il s’établit dès lors entre eux une active correspondance.

Le lw novembre 1794, Christiane donna à Goethe un second fils, mais l’enfant mourut au bout de quelques jours. Le poète chercha dans le travail une diversion à son chagrin ; et l’on verra que les occupations ne lui manquaient pas. Ses projets poétiques étaient