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des parties latérales. Les ouvertures de cette immense surface ont rapport aux besoins intérieurs, d’après lesquels nous pouvons aussitôt la diviser en neuf parties. La grande porte du milieu, qui répond à la nef, frappe d’abord les yeux. De part et d’autre s’en trouvent deux, plus petites, qui appartiennent aux nefs latérales. Au-dessus de la porte principale, notre œil rencontre la fenêtre circulaire, destinée à répandre dans l’église et sous ses voûtes une mystérieuse lumière. Sur les côtés, se montrent deux grandes ouvertures verticales, en forme de carrés longs, qui contrastent fortement avec celle du milieu, et annoncent qu’elles appartiennent à la base des tours. Au troisième étage, sont alignées trois ouvertures destinées au beffroi et aux autres besoins du service. Tout le dessus est terminé horizontalement par la balustrade de la galerie, qui tient lieu d’entablement. Ces neuf espaces sont soutenus, encadrés et séparés en trois grandes sections verticales par quatre piliers parlant du sol. Et tout comme on ne peut refuser aux dimensions de la masse entière une belle proportion, ces piliers et la forme élancée des sections intermédiaires donnent aux détails quelque chose de léger dans sa symétrie.

Si l’on demeure toujours dans l’abstraction, et que l’on se figure cette immense muraille sans ornements, avec de forts piliers, avec les ouvertures nécessaires, mais réduites à ce que le besoin réclame ; si l’on accorde même à ces parties principales de bonnes proportions : l’ensemble paraîtra sans doute noble et sévère, mais toujours d’une fatigante tristesse et sans art dans sa nudité, car une œuvre d’art dont l’ensemble se compose de parties grandes, simples, harmonieuses, fait bien une imposante et noble impression, mais la véritable jouissance qui naît du plaisir, le développement harmonieux de tous les détails peut seul la produire.

Or c’est en cela justement que nous satisfait au plus haut degré l’édifice que nous considérons ; car nous voyons chacun de ces ornements parfaitement approprié à la partie qu’il décore ; ils lui sont subordonnés, ils semblent en saillir. Une telle variété cause toujours un grand plaisir, en ce qu’elle dérive de la convenance, et, par là, réveille en même temps le sentiment de l’unité, et c’est seulement alors qu’on apprécie l’exécution comme le comble de l’art.

C’est par de tels moyens qu’un mur solide, une maçonnerie impénétrable, qui, de plus, s’était annoncée comme la base de deux tours immenses, devait se présenter à l’œil comme reposant sur elle-même, subsistant en elle-même, mais, avec cela, gracieuse et légère, et, quoique percée de mille façons, donner l’idée d’une inébranlable solidité. Ce problème est résolu de la manière la plus heureuse : les ouvertures du mur, ses parties solides, les piliers, tout a son caractère particulier, qui résulte de sa destination propre ; ce caractère se communique par degrés aux sous-divisions ; ainsi tout est décoré avec mesure ; le grand, comme le petit, se trouve à sa place, peut être saisi facilement, et, de la sorte, l’agréable se montre dans le gigantesque. Je mentionnerai seulement les portes, qui s’enfoncent en perspective dans l’épaisseur du mur, avec les innombrables ornements de leurs piliers et de leurs ogives ; la fenêtre et la rosé élégante que forme sa rondeur ; le profil de ses baguettes, ainsi que les fines colonnettes des sections verticales. Qu’on se représente les