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qu’il s’agissait de produire, jouait un grand rôle, il fallait employer dans ces opérations des alcalis, lesquels, en s’évaporant, devaient s’unir avec ces substances élhérées, et produire enfin per se un sel moyen mystérieux, d’une excellente vertu.

Dès que je fus un peu rétabli, et qu’à la faveur de la belle saison je pus me tenir dans mon ancienne mansarde, je m’arrangeai aussi un petit appareil ; j’eus un petit fourneau à vent avec un bain de sable ; je sus bientôt, à l’aide d’une mèche allumée, changer les ballons en capsules, dans lesquelles les divers mélanges devaient être évaporés. Alors furent traités d’une manière mystérieuse et bizarre de singuliers ingrédients du macrocosme et du microcosme, et, avant tout, on cherchait à produire des sels moyens par une méthode nouvelle. Mais ce qui m’occupa le plus pendant un temps assez long, fut ce qu’on appelait liquor silicum (liqueur des cailloux), qui est produit par la fusion du quartz pur avec une proportion convenable d’alcali, d’où résulte un verre diaphane qui se liquéfie à l’air, et présente un beau liquide transparent. Quiconque le produit lui-même une fois et l’a vu de ses yeux, ne condamnera pas ceux qui croient à une terre vierge et à la possibilité de produire sur elle et par elle de nouveaux effets.. J’avais acquis une certaine habileté à préparer cette liqueur des cailloux ; les beaux silex blancs qui se trouvent dans le Mein me fournissaient pour cela d’excellents matériaux, elle reste, non plus que l’application, ne me manquait pas ; mais je finis par me lasser, quand je dus observer que l’élément siliceux ne s’unissait point d’une manière intime avec le sel, comme ma philosophie l’avait cru, car il s’en séparait très-facilement, et ce beau liquide minéral, qui m’avait apparu quelquefois, à ma grande surprise, sous la forme d’une gelée animale, laissait toujours se précipiter une poudre où je devais reconnaître une poussière siliceuse de la plus grande finesse, mais qui ne laissait rien apercevoir en soi de productif et de nature à faire espérer de voir cette terre vierge devenir féconde.

Ces opérations, toutes bizarres et incohérentes qu’elles étaient, me firent néanmoins acquérir diverses connaissances. Je fixai mon attention sur toutes les cristallisations qui pouvaient se présenter, et j’appris à connaître les formes extérieures de plu-