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coup de choses qui ont rapport à ce travail. J’avais aussi l’occasion de voir les leçons d’Œser appliquées. Je fis de fréquentes visites dans la maison neuve, que j’avais vue naître. Je me livrais avec les fils à divers exercices. L’aine mit des airs à quelques-unes de mes chansons, qu’on imprima avec son nom, mais pas avec le mien, et qui lurent peu connues. J’ai choisi les meilleures et les ai mêlées à mes petits poèmes, Le père avait inventé ou perfectionné une nouvelle manière d’imprimer la musique. Il me permit l’usage d’une belle bibliothèque, qui avait surtout pour objet l’origine et les progrès de l’imprimerie, ce qui me permit d’acquérir sur ce sujet quelques connaissances. J’y trouvai en outre de bons livres d’estampes, qui représentaient l’antiquité, et je poursuivis aussi de ce côté mes études, qui gagnèrent encore à ce qu’une remarquable collection d’empreintes en soufre avait été mise en désordre dans le déménagement. Je la rétablis de mon mieux, et, pour cela, je dus recourir à Lippert et à d’autres auteurs. Un médecin, le docteur Reichel, logeait aussi dans la maison : je le consultais de temps en temps, car je me sentais, sinon malade, du moins indisposé, et, comme cela, nous passions ensemble une agréable et douce vie.

Je devais former dans cette maison une liaison nouvelle. Le graveur Stock, de Nuremberg, vint habiter la mansarde. C’était un homme très-laborieux, exact et réglé dans ses travaux. Il gravait, comme Geyser, sur les dessins d’Œser de grandes et de petites planches, toujours plus goûtées, pour les romans et les poésies. Il gravait très-nettement, en sorte que le travail sortait de l’eau-forte presque achevé, et qu’il ne restait à l’artiste que peu de chose à retoucher avec le burin, qu’il maniait à merveille. Il faisait une évaluation exacte du temps qu’une planche devait lui prendre, et rien ne pouvait le détourner de son travail, avant qu’il eût achevé sa tâche quotidienne. On le voyait assis à un large établi, devant la grande fenêtre de la mansarde, qui était très-propre et bien tenue, et où sa femme et ses deux filles lui faisaient compagnie. De celles-ci, l’une est heureusement mariée, l’autre est une artiste d’un mérite éminent. Elles sont restées toujours mes amies. Je partageais mon temps entre les étages inférieurs et supérieurs, et je m’attachai