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pour participer, dans une relation immédiate avec la Divinité, aux félicités immenses qui émanent d’elle.

Puis, pour conclure, afln que l’homme tout entier soit sanctifié, les pieds mêmes sont oints et bénis. Si le malade vient peut-être à guérir, ils devront éprouver de la répugnance à toucher ce sol terrestre, dur, impénétrable ; un merveilleux ressort doit leur avoir été communiqué, par lequel ils repoussent sous eux la masse terrestre, qui les attirait jusqu’alors. C’est ainsi que, par un cercle brillant d’actes également augustes et sacrés, dont nous n’avons fait qu’indiquer en peu de mots la beauté, si loin que le sort place le berceau et la tombe à l’égard l’un de l’autre, ils sont unis d’une constante chaîne.

Mais toutes ces merveilles spirituelles ne surgissent pas du sol naturellement comme d’autres fruits ; elles n’y peuvent être ni semées, ni plantées, ni cultivées : il faut que nos prières les demandent à une autre région, ce qui ne réussirait ni à chacun ni en tout temps. Ici se présente à nous, comme conséquence d’une ancienne et pieuse tradition, le plus sublime de ces symboles. Nous apprenons qu’un homme peut être, par préférence à un autre, favorisé, béni et sanctifié d’en haut. Mais, pour qu’elle ne semble pas un don naturel, cette grande faveur, unie à un devoir difficile, doit être transmise aux autres par un ayant droit, et le plus grand bien qu’il soit donné à un homme d’obtenir, sans qu’il puisse toutefois en conquérir et en saisir la possession par lui-même, doit se maintenir et se perpétuer sur la terre par une hérédité spirituelle. Dans l’ordination du prêtre se trouve même compris tout ce qui est nécessaire pour accomplir d’une manière efficace ces actes saints dont la foule est favorisée sans qu’elle ait besoin d’y coopérer autrement que par la foi et par une confiance illimitée. Ainsi, dans la suite de ses devanciers et de ses successeurs, dans les rangs de ceux qui ont reçu l’onction comme lui, représentant le libérateur suprême, le prêtre se présente avec d’autant plus de majesté que ce n’est pas lui que nous vénérons mais son office ; ce n’est pas devant son geste que nous plions les genoux, mais devant la bénédiction qu’il dispense, et qui ne paraît que plus sainte et venue du ciel plus directement, parce que l’in-