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même qu’il n’en a qu’un dans lequel il soit actif, savoir la cène : car, le baptême, il ne fait que le voir accomplir sur les autres, et ce n’est pas pour lui une sensation agréable. Les sacrements sont ce qu’il y a de plus élevé dans la religion, le symbole sensible d’une faveur et d’une grâce extraordinaire de la Divinité. Dans la cène, les lèvres humaines doivent recevoir une créature divine incarnée, et, sous la forme d’une terrestre nourriture, en recevoir une céleste. Cette signification est la même pour toutes les Églises chrétiennes. Que l’on participe au sacrement avec plus ou moins de soumission au mystère, en l’accommodant plus ou moins avec ce qui est intelligible, il demeure toujours une action sainte et grande, qui se met dans la réalité à la place du possible ou de l’impossible, à la place de ce qui est inaccessible et indispensable à l’homme. Mais ce sacrement ne devrait pas être seul ; le chrétien ne saurait y participer avec la véritable joie pour laquelle il est donné, si le sens symbolique ou sacramentel n’est pas nourri dans son cœur ; il faut qu’il soit accoutumé à considérer la religion intérieure du cœur et celle de l’Église extérieure comme parfaitement identiques, comme le grand sacrement universel, qui se démembre en beaucoup d’autres, et communique à ces parties sa sainteté, son indestructibilité et son éternité.

Voici un jeune homme et une jeune fille qui se donnent la main, et ce n’est pas pour le salut passager ou pour la danse ; le prêtre les bénit, et le lien est indissoluble. Bientôt les époux apportent sur les marches de l’autel un être, leur image ; il est purifié avec l’eau sainte et incorporé à l’Église, de telle sorte qu’il ne peut répudier ce bienfait que par la plus monstrueuse apostasie. L’enfant se forme lui-même dans la vie aux choses de la terre ; mais, les choses du ciel, il faut qu’on l’en instruise. A-t-on reconnu par l’examen que l’instruction est complète, il est reçu désormais dans le sein de l’Église comme citoyen effectif, comme véritable et libre professant, non sans marques extérieures de l’importance d’un tel acte. Alors seulement il est décidément chrétien, alors il en reconnaît les avantages, mais aussi les devoirs. Cependant, en sa qualité d’homme, il a fait de singulières expériences ; les leçons elles châtiments lui ont fait voir le fâcheux état de son âme, et il sera toujours question