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pénibles, et C3 que nous ne pouvons absolument résoudre, nous le remettons à Dieu, comme au dispensateur et au libérateur suprême.

« Notre oncle ne se soustrait point lui-même à cette épreuve. Dans certains cas, il nous a entretenus en confidence de quelque difficulté qu’il ne pouvait surmonter d’abord ; mais il consulte surtout notre noble tante, qu’il visite de temps en temps. Le dimanche soir, il a coutume de nous demander si nous avons tout confessé, tout réglé. Tous voyez donc que nous mettons tous nos soins à ne pas être compris dans votre ordre, dans la société des Renonçants.

— C’est une belle vie assurément ! dit vivement Hersilie. Si je fais abnégation tous les huit jours, c’est autant qui m’est dû sur les trois cent soixante-cinq. »

Au moment de partir, notre ami reçut du plus jeune des officiers un paquet, accompagné d’une lettre, d’où nous extrairons le passage suivant :

« 11 me semble que, dans chaque nation, domine un sens différent, dont la satisfaction peut seule la rendre heureuse, et c’est une remarque que l’on peut faire aussi chez les divers individus. Celui qui a rempli son oreille de sons harmonieux, agréablement modulés, me saura-t-il gré, si je place devant ses yeux le plus excellent tableau ? Un ami de la peinture veut voir : il ne souffrira pas que son imagination soit émue par un poème ou un roman. Quel homme est assez bien doué pour être capable de jouissances diverses ?

« Mais vous, ami passager, vous m’avez paru un de ces hommes, et, si vous avez su apprécier l’agrément et la richesse d’un imbroglio français, j’espère que vous ne dédaignerez pas la simple et franche loyauté des mœurs allemandes, et que vous me pardonnerez, si ma manière de voir et de penser, mon origine et ma position, ne me permettent de trouver aucun tableau plus agréable que ceux de la classe moyenne allemande ;, renfermée dans ses habitudes de patriarches.

« Agréez cette peinture et souvenez-vous de moi ! »