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situation présente de telles et telles personnes, sous la forme de correspondances ou d’écrits plus étendus, on ne peut s’en faire une idée qu’après avoir vécu quelque temps, comme cela m’arrive aujourd’hui, au sein de familles instruites. Dans le cercle où je me trouve maintenant, on ne passe guère moins de temps à communiquer à ses parents et à ses amis les choses dont on s’occupe qu’à se livrer aux occupations dont on parle. Cette observation, qui me frappe depuis quelques jours, je la fais d’autant plus volontiers, que la manie d’écrire de mes nouveaux amis me fournit l’occasion d’ar prendre à les connaître promptement et sous toutes les faces. On me confie, on me donne un paquet de lettres, une couple de cahiers renfermant des journaux de voyages, les confessions d’une âme encore en lutte avec ellemême, et, en peu de temps, me voilà de la famille : je connais sa plus intime société ; je connais les personnes avec lesquelles je serai mis en relation, et j’en sais plus peut-être sur leur compte qu’ils n’en savent eux-mêmes, parce qu’ils sont absorbés » dans leur situation, et que je passe devant eux, en te donnant toujours la main et discourant sur tout avec toi. Aussi ma première condition, avant de recevoir une confidence, est que je puisse t’en faire part. Voilà donc quelques lettres, qui t’introduiront dans la famille où je me trouve actuellement, sans rompre ou sans éluder mon vœu.


CHAPlTRE VII.

Notre ami se trouva seul de grand matin dans la galerie, où il prit plaisir à considérer mainte figure connue ; un catalogue se rencontra sous sa main, pour lui donner, sur les autres, les détails qu’il pouvait désirer. Le portrait, comme la biographie, a un intérêt tout particulier : l’homme marquant- qu’on ne peut