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Quelque mouvement que se donnât depuis M. de Revanne, il ne put réussir à se procurer le moindre éclaircissement sur cette belle personne, qui lui était apparue, passagère comme les anges, et non moins aimable.


CHAPITRE VI.

Après un long et profond sommeil, dont les voyageurs avaient grand besoin, Félix sauta du lit vivement et se hâta de s’habiller. Son père crut remarquer qu’il y mettait plus de soin qu’auparavant. Rien n’était assez juste et assez propre ; il aurait voulu tout plus frais et plus neuf. Il courut au jardin, ’ et ne fit qu’attraper en chemin quelque chose de la collation que le domestique apportait pour les hôtes, parce que les dames ne devaient descendre au jardin qu’une heure plus tard.

Le domestique était accoutumé à faire aux étrangers les honneurs du château : il conduisit notre ami dans une galerie toute cimposée de portraits et de bustes, la plupart d’excellents maîtres ; tous représentaient des personnages influents du xvm’siècle : grande et imposante société.

« Vous ne trouverez pas dans tout le château, dit le garçon, un tableau qui ait un rapport même éloigné à la religion, la tradition, la mythologie, les légendes ou les fables : notre maître veut que l’imagination ne soit excitée que pour se représenter le vrai. « Nous rêvons trop volontiers, dit-il souvent, « pour devoir encore stimuler cette dangereuse faculté de notre « esprit par des séductions étrangères. »

Wilhelm ayant demandé quand il pourrait rendre ses devoirs au maître, le serviteur lui répondit que, selon son habitude, il était sorti à cheval de grand matin. « Il avait coutume de dire : « L’attention est la vie. » Vous verrez cette maxime et