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NOUVELLE.




L’épais brouillard d’une matinée d’automne enveloppait encore la vaste cour du château du prince, mais déjà l’on commençait à voir, à travers le voile moins sombre, toute la chasse à pied et à cheval s’agiter pêle-mêle. On voyait distinctement les plus proches faire à la hâte leurs préparatifs, allonger ou raccourcir les étriers, se passer des fusils et des gibecières, endosser la carnassière de blaireau, tandis que les chiens impatients menaçaient d’entraîner les hommes qui les tenaient en laisse. Çà et là, un cheval se démenait plus vivement, poussé par son ardeur naturelle ou par l’éperon du cavalier, qui, même dans cette demi-obscurité, ne pouvait dissimuler quelque vaine fantaisie de se mettre en évidence. Cependant tous attendaient le prince, qui, prenant congé de sa jeune épouse, tardait longtemps à paraître.

Unis depuis peu de temps, ils goûtaient déjà le bonheur de s’entendre : tous deux étaient d’humeur vive et agissante ; l’un s’intéressait volontiers aux goûts et aux désirs de l’autre. Le père du prince avait pu voir encore et mettre à profit l’époque où il devint manifeste que les membres de l’État devaient tous également passer leurs jours dans le travail, l’activité, l’industrie, et, chacun à sa manière, amasser d’abord et jouir.

À quel point la chose avait réussi, il fut aisé de s’en aperce-