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sein, lut d’un bout à l’autre une page ouverte du journal. On conçoit qu’il prit le temps de lire la suite et ce qui précédait ; il se retira toutefois assez satisfait, ayant vu qu’il était justement temps encore d’éloigner poliment l’hôte dangereux.

HENRIETTE.

On devait, selon le vœu de mon ami, parler des bonnes femmes, et, sans y songer, on revient à discourir de celles qui, pour ne rien dire de plus, ne sont pas les meilleures.

SEYTON.

Pourquoi donc toujours bon ou mauvais ? Ne devons-nous pas nous prendre bonnement nous-mêmes et prendre les autres comme la nature nous a produits, et comme chacun se perfectionne par une culture praticable ?

ARMIDORE.

Je crois qu’il serait agréable et assez utile de rédiger et de recueillir des histoires pareilles à celles qu’on vient de raconter, et dont il se présente à nous un grand nombre dans la vie. Des traits légers, qui caractérisent l’homme, sans qu’il en résulte des événements bien remarquables, sont tout à fait dignes d’être conservés. Le romancier ne peut en faire usage, parce qu’ils n’ont pas assez d’importance ; le collecteur d’anecdotes ne le peut pas non plus, parce qu’ils n’ont rien de piquant, et n’excitent pas vivement l’esprit ; celui qui observe, d’un regard paisible , l’humanité accueillera seul ces esquisses avec intérêt.

SINCLAIR.

Assurément, si nous avions eu plus tôt l’idée d’un si louable travail, nous aurions pu rendre service à notre ami, l’éditeur de l’Almanach des Dames, et choisir une douzaine d’histoires de femmes excellentes, ou bonnes tout au moins, pour balancer ces mauvaises.

AMÉLIE.

Je voudrais surtout que l’on recueillît de ces exemples où une femme maintient la maison ou même la fonde ; d’autant plus qu’au détriment de notre sexe, l’artiste a placé dans sa galerie une femme chère, je veux dire coûteuse.

SEYTON.

Je puis, belle Amélie, vous servir ce que vous désirez.