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LES BONNES FEMMES.

trouve son amusement, et la conversation générale est souvent de nature à captiver l’attention.

À ce moment, arrivèrent Seyton et sa femme. Cet homme avait beaucoup voyagé, d’abord pour affaires de commerce, puis pour affaires politiques ; il était d’une société agréable. Toutefois, dans les cercles nombreux, c’était le plus souvent une partie d’hombre qu’il préférait ; son aimable femme, bonne et fidèle compagne, avait toute la confiance de son mari. Elle se sentait heureuse de pouvoir occuper, sans trouble et sans obstacle, une vive sensibilité. Un ami de la maison lui était indispensable ; les plaisirs et les distractions étaient pour elle le ressort nécessaire des vertus domestiques.

Nous traitons nos lecteurs comme des étrangers, des hôtes du club, et nous voudrions les aider à faire promptement connaissance avec la société. Le poète doit nous présenter ses personnages en action ; celui qui écrit des dialogues peut être plus bref, et, par une peinture générale, aider ses lecteurs et lui-même à franchir bien vite l’exposition.

Seyton s’approcha de la table et regarda les images.

« Il s’élève ici, dit Henriette, un débat pour et contre la caricature. De quel côté vous rangez-vous ? Je me déclare pour, et je demande si toute charge n’a pas un attrait irrésistible ?

Amélie.

Toute médisance sur le compte d’un absent n’a-t-elle pas un charme incroyable ?

Henriette.

Une image de ce genre ne fait-elle pas une impression ineffaçable ?

Amélie.

C’est pourquoi je la déteste. N’est-ce pas l’impression ineffaçable de tout objet révoltant qui nous poursuit si souvent dans le monde, nous gâte des mets agréables et rend amer un doux breuvage ?

Henriette.

Eh bien, Seyton, votre avis ?

Seyton.

Je conseillerais un accommodement. Pourquoi les peintures seraient-elles meilleures que nous-mêmes ? Notre esprit semble