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LES

BONNES FEMMES.

(1800.)

Henriette s’était déjà promenée quelque temps avec Armidore, dans le jardin où le club d’été avait coutume de se rassembler. Ils arrivaient souvent les premiers. Ils avaient l’un pour l’autre une affection que ne troublait aucun nuage, et ils nourrissaient, dans une honnête et pure intimité, l’agréable espérance d’une prochaine et indissoluble union.

La vive Henriette aperçut à peine Amélie, qui s’avançait de loin vers le pavillon, qu’elle courut saluer son amie. Amélie venait de s’asseoir dans le salon d’entrée, devant la table sur laquelle se trouvaient étalés des journaux, des gazettes et d’autres nouveautés.

C’est là qu’Amélie passait maintes soirées à lire, sans se laisser distraire par les allées et les venues des personnes de la société, par le claquement des fiches et la conversation toujours bruyante des joueurs. Elle parlait peu, si ce n’est pour opposer son opinion à une autre. Henriette, au contraire, était fort libérale de ses paroles, contente de tout, et toujours en humeur d’approuver.

Un ami de l’éditeur, que nous appellerons Sinclair, s’approcha de ces dames.