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il était formé ne se pouvait distinguer. Considéré attentivement, c’était un mélange des trois métaux dont ses frères étaient faits. Mais ces matières semblaient ne s’être pas bien mêlées dans la fonte ; des veines d’or et d’argent couraient irrégulièrement à travers la masse de bronze et donnaient à la statue un aspect désagréable.

Cependant le roi d’or dit au vieillard :

« Combien sais-tu de secrets ?

— Trois.

— Quel est le plus important ? dit le roi d’argent.

— Celui qui est manifeste.

— Veux-tu nous le révéler ? demanda le roi de bronze.

— Aussitôt que je saurai le quatrième.

— Que m’importe ? murmura à part soi le roi mélangé.

— Je sais le quatrième, dit le serpent, qui s’approcha du vieillard, et lui chuchota quelques mots à l’oreille.

— Le moment est venu ! » s’écria le vieillard d’une voix forte.

Le temple retentit, les statues de métal résonnèrent, et, à l’instant même, le vieillard s’enfonça vers l’occident, le reptile vers l’orient, et chacun d’eux traversa avec une grande vitesse les fentes des rochers.

Toutes les avenues par lesquelles le vieillard passa se remplirent d’or sur sa trace, car sa lampe avait la merveilleuse propriété de changer toutes les pierres en or, tout le bois en argent, les bêtes mortes en pierres précieuses, et d’anéantir tous les métaux. Mais, pour produire cet effet, il fallait qu’elle éclairât toute seule ; s’il se trouvait auprès d’elle une autre lumière, la lampe répandait seulement une belle clarté, qui réjouissait tous les êtres vivants.

Le vieillard arriva dans sa cabane, bâtie au pied de la montagne, et il trouva sa femme dans la plus grande affliction. Elle était assise près du feu, et pleurait et ne pouvait se consoler.

« Que je suis malheureuse ! s’écria-t-elle. Ah ! je ne voulais pas te laisser sortir aujourd’hui.

— Qu’est-il arrivé ? dit le vieillard fort tranquillement.

— Je venais de partir, dit-elle en sanglotant, quand deux turbulents voyageurs ont paru devant la porte. Je les laisse entrer