Page:Goethe - Œuvres, trad. Porchat, tome VII.djvu/513

Cette page n’a pas encore été corrigée

les salua, en se félicitant de trouver de si agréables seigneurs de sa parenté. Les feux follets glissèrent auprès de lui et sautèrent par-dessus, en riant à leur manière. .

« Notre cousin, lui dirent-ils, bien que vous soyez de la ligne horizontale, cela n’y fait rien : nous ne sommes cousins qu’en apparence ; voyez en effet (ici les deux flammes s’allongèrent en pointe, aux dépens de la largeur, autant qu’il leur fut possible), voyez comme cette longueur svëlte nous va bien, à nous autres seigneurs de la ligne verticale. Sans vous offenser, mon ami, dites-nous quelle famille peut se vanter de cet avantage…. Depuis qu’il existe des feux follets, aucun ne s’est encore assis ni couché. »

Le serpent se sentait fort mal à son aise en présence de ces parents : car, si haut qu’il levât la tête, il se sentait obligé de la recourber vers la terre pour avancer, et si, auparavant, il avait pris, à se voir dans la forêt sombre, un plaisir extraordinaire, en présence de ses cousins, son éclat lui semblait diminuer à chaque moment ; il craignait même qu’il ne finît par s’effacer.

Dans cet embarras, il demanda bien vite si Leurs Seigneuries ne pourraient lui apprendre d’où provenait cet or brillant qui était tombé récemment dans la fente du rocher : il soupçonnait que c’était une pluie d’or qui tombait directement du ciel. Les feux follets se secouèrent en riant, et firent pleuvoir autour d’eux une quantité de pièces d’or. Le serpent se jeta dessus pour les avaler.

« Régalez-vous, notre cousin, lui dirent les gentils seigneurs, nous pouvons vous en servir davantage. »

Us se secouèrent quelques fois encore, avec une grande vivacité, en sorte que le serpent ne pouvait qu’à peine avaler assez vite la précieuse nourriture. Son éclat augmentait visiblement ; il brillait d’une manière vraiment admirable, tandis que les feux follets étaient devenus assez maigres et petits, sans perdre toutefois le moins du monde leur joyeuse humeur.

« Je vous suis éternellement obligé, dit le serpent, en reprenant haleine après son repas ; demandez-moi ce que vous voudrez, je ferai pour vous tout ce qui sera en mon pouvoir.

— Fort bien ! s’écrièrent les feux follets. Dis-nous où demeure le Beau lis. Conduis-nous aussi vite que possible au palais et au