semble la serrure, et trouvèrent que le temps avait usé le moraillon et ébranlé la gâche.
Tout fut réparé sur l’heure, et Ferdinand n’avait pas eu depuis longtemps de moment plus heureux que celui où il put voir l’argent si bien gardé.
Mais cela ne lui suffisait pas : il résolut aussitôt d’amasser et de restituer, d’une manière ou d’une autre, à son père la somme qu’il avait détournée et dont il savait encore la valeur. Il se mit à vivre de la manière la plus rangée, épargnant sur son argent de poche tout ce qu’il pouvait. Ce qu’il parvenait à mettre en réserve était peu de chose sans doute, auprès de ce qu’il avait prodigué ; cependant la somme lui paraissait déjà grande, en ce qu’elle commençait la réparation de son injustice : et certes la différence est énorme entre le dernier écu qu’on emprunte et le premier qu’on rembourse.
Il n’était pas encore depuis longtemps dans cette bonne voie, quand son père résolut de lui faire entreprendre un voyage de commerce. 11 irait étudier une fabrique éloignée. On avait même le projet d’établir un comptoir dans une localité où les choses de première nécessité et la main-d’œuvre éfaient à bon marché, d’y placer un commis, de faire soi-même les bénéfices qu’on devait actuellement céder à d’autres, et d’opérer en grand, au moyen des capitaux et du crédit. Ferdinand devait examiner la chose de près et en faire un rapport détaillé. Le père lui avait alloué une somme d’argent pour son voyage, en lui prescrivant de ne pas la dépasser. Elle était assez forte, et il n’avait pas lieu de se plaindre.
Dans son voyage, Ferdinand continua de vivre avec une grande économie ; il compta et recompta, et trouva qu’il pourrait épargner le tiers de son argent, s’il ne cessait pas de se réduire en tout au nécessaire. Il comptait aussi sur l’occasion pour arriver au reste par degrés, et il la trouva, car l’occasion est une déesse indifférente, qui favorise le bien comme le mal.
Dans la contrée qu’il dut visiter, il trouva les chances beaucoup plus favorables qu’on ne l’avait cru. Tout le monde suivait mécaniquement la vieille routine ; on n’avait aucune idée des nouveaux perfectionnements, ou l’on n’en avait fait aucun