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soutenir le couvercle. Enfin il avait trouvé le coffre vide, mais il avait découvert dans un coin la précieuse cassette.

Ils se promirent l’un à l’autre sur cette trouvaille un profond secret. Midi était passé ; ils avaient pris quelque nourriture ; Fitz n’était pas encore arrivé, comme il l’avait promis : mais Félix, vivement inquiet, désirait s’éloigner du lieu où son trésor semblait exposé aux réclamations de la terre ou des puissances souterraines. Les colonnes lui semblaient plus noires, les cavernes plus profondes. Il portait le poids d’un secret, d’une acquisition légitime ou illégitime, assurée ou précaire. L’impatience le pressait de quitter ce lieu ; il croyait se délivrer de souci en changeant de place.

Ils s’acheminèrent vers les vastes domaines du grand propriétaire dont la richesse et les bizarreries leur étaient connues par de nombreux récits. Félix ne gambadait plus comme le matin, et ils suivirent tous trois leur chemin tranquillement pendant quelques heures. Par moments, Félix demandait à voir la cassette : le père, indiquant du geste le guide, engageait son fils à se calmer. Tantôt l’enfant était plein d’impatience de voir Fitz arriver ; tantôt il redoutait la présence du petit drôle. Quelquefois il sifflait, pour donner un signal, puis il se repentait aussitôt de l’avoir donné ; et ses hésitations durèrent jusqu’au moment où le petit camarade fit entendre de loin son sifflet. Il s’excusa de n’être pas venu au Château des géants. Jarno l’avait retenu ; les arbres renversés lui avaient fait obstacle. Ensuite il s’informa en détail de ce qui leur était arrivé parmi les colonnes et les galeries, et s’ils étaient allés bien avant. Félix lui fit contes sur contes, avec une pétulance mêlée d’embarras ; il regardait son père en souriant, le tirait à la dérobée par le bord de son habit, et faisait tout ce qu’il fallait pour laisser voir qu’il avait un trésor secret et qu’il dissimulait.

Ils étaient arrivés à un grand chemin, qui devait les conduire commodément chez ce riche propriétaire ; mais Fitz assura qu’il connaissait un chemin meilleur et plus court, où le guide refusa de les accompagner, continuant d’avancer par la route large et droite où il était entré. Les deux voyageurs se fièrent au petit mauvais sujet, et imaginèrent avoir bien fait, car ils descendirent la montagne par un sentier rapide, à tra-