à l’heure, ouvrit la fenêtre suspecte, et s’avança sur le balcon avec le marquis. Ils s’y trouvaient à peine depuis quelques minutes, que l’explosion se fit entre eux, et les repoussa violemment dans la salle, où ils tombèrent sans connaissance, étourdis du coup. Quand ils revinrent à eux, le marquis sentit, sur la joue gauche, et la belle, sur la joue droite, la douleur d’un violent soufflet, et, comme ils n’avaient pas d’autre mal, l’incident donna lieu à maintes remarques badines.
Dès lors ce bruit ne se fit plus entendre dans la maison, et Antonelli se croyait tout à fait délivrée de son invisible persécuteur, lorsque, dans une course qu’elle faisait, un soir, avec une amie, une aventure inopinée lui causa de nouveau la plus violente frayeur. Elles devaient traverser Chiaja, où le Génois avait autrefois demeuré. Il faisait un beau clair de lune. La -dame qui était assise auprès d’elle lui dit : « N’est-ce pas ici la maison dans laquelle M. *** est mort ? — C’est l’une de ces deux, autant que je puis le savoir, » répondit la belle. Dans ce moment, le coup partit de l’une d’elles et traversa le carrosse. Le cocher crut être attaqué, et poursuivit sa route avec toute la célérité possible. Arrivées au lieu de leur destination, les deux dames furent tirées comme mortes de la voiture.
Cette frayeur fut la dernière. L’invisible persécuteur de la belle changea de méthode, et, quelques soirs après, de bruyants claquements de mains éclatèrent devant ses fenêtres. Comme chanteuse et comédienne aimée du public, elle était accoutumée à ce bruit ; il n’avait en soi rien d’effrayant, et l’on pouvait l’attribuer plutôt à quelqu’un de ses admirateurs. Elle y faisait peu d’attention ; ses amis étaient plus vigilants, et, comme auparavant, ils postèrent des sentinelles : elles entendirent le bruit, toutefois, avant comme après, elles ne virent personne, et l’on espéra que ces apparitions ne tarderaient pas à cesser complétement.
Au bout de quelque temps, ce bruit s’évanouit à son tour, et se transforma en sons plus agréables. Ils n’étaient pas proprement mélodieux, mais charmants et suaves au delà de toute expression ; ils paraissaient aux observateurs les plus attentifs jartir de l’angle d’une rue de traverse, flotter dans le vague de