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pérer de trouver ces personnes ensemble, ou d’en savoir des nouvelles.

La lettre, que nous trouvons parmi les nombreux papiers confiés à nos mains, est d[une si grande importance, que nous ne devons pas la tenir secrète. Elle était d’Hersilie, de cette femme aussi étonnante qu’aimable, qui ne parait que rarement dans nos récits, mais qui, chaque fois qu’elle se montre, attire certainement, par un charme irrésistible’, tous les esprits fins et les cœurs délicats


CHAPITRE XVII.

Heraille à Wlllielm.

J’étais chez moi pensive et ne saurais dire à quoi je pensais. Mais je me surprends quelquefois à penser sans pensée : c’est une sorte d’indifférence sentie. Un cheval s’élance dans la cour et me tire de mon repos ; ma porte s’ouvre, et Félix paraît dans tout l’éclat de la jeunesse, comme un petit dieu. 11 court à moi, il veut m’embrasser ; je le repousse. 11 affecte l’indifférence, s’arrête à quelques pas, et, avec une tranquille sérénité, il me vante le cheval qui l’a amené, me parle de ses exercices, de ses plaisirs, avec détail et abandon. Le souvenir des anciennes histoires nous amène à la précieuse cassette ; il sait qu’elle est dans mes mains et démande à la voir. Je cède ; il était impossible de refuser. 11 la considère, il raconte en détail comment il l’a trouvée : je me trouble et lui révèle que j’en ai la clef. Alors sa curiosité est au comble. Il veut la voir aussi, de loin seulement. On ne sut jamais demander avec plus d’instance et de grâce : il demande comme en priant ; il tombe à genoux et sollicite avec des regards si brûlants et si doux, avec des paroles