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choses, ce n’est pas seulement pour aujourd’hui et pour demain qu’on travaille, c’est pour la suite infinie des temps.

« Au reste, si l’erreur vient à dominer dans la science, il restera toujours une minorité fidèle à la vérité ; et, quand la vérité se réfugierait dans un seul esprit, cela serait égal encore : il agira incessamment en secret, en silence, et un temps viendra que l’on s’informera de lui et de ses opinions, ou bien qu’elles oseront se produire de nouveau à la lumiére généralement répandue. »

Un sujet de discussion moins général, mais incompréhensible et merveilleux, fut la découverte accidentelle que Montan avait faite, dans ses recherches minéralogiques, d’une personne qui l’accompagnait, et qui avait des facultés tout à fait surprenantes, un rapport tout particulier avec tout ce qui était pierre, minéral-, même avec tout ce qu’on peut appeler élément. Cette personne n’éprouvait pas seulement un grand effet des cours d’eaux souterraines, des gisements métalliques et des filons, comme des charbons de terre et de tout ce qui pouvait former de grandes masses, mais, ce qui est plus étrange, elle éprouvait des sensations diverses chaque fois qu’elle changeait de sol. Les différentes natures de montagnes exerçaient sur elle une influence particulière. Surtout cela, Montan pouvait fort bien s’expliquer avec elle, depuis qu’il était parvenu à établir entre eux un langage, bizarre sans doute, mais suffisant ; qu’il pouvait aussi l’éprouver dans les cas particuliers, attendu qu’elle soutenait l’épreuve d’une façon remarquable, car elle savait très-bien distinguer par le toucher les propriétés chimiques ou physiques, et même elle distinguait à la simple vue les corps pesants des corps légers. Cette personne, sur le sexe de laquelle il ne voulait pas s’expliquer, il l’avait, disait-il, fait partir avant lui avec ses amis émigrants, et il en espérait beaucoup pour ses travaux dans les contrées inexplorées.

Sensible à cette confiance, le mystérieux astronome, après avoir demandé l’agrément de Macarie, révéla de son côté à Montan les rapports de cette dame avec le système du monde. Par ses nouvelles communications, nous sommes en état d’exposer, sinon tout ce qu’on pourrait souhaiter, du moins la substance principale de leurs entretiens.