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aide, et l’on put espérer qu’avec le secours des autres femmes, les fiancées seraient habillées plus tôt qu’on n’avait supposé. Au reste, les jeunes filles ne pouvaient s’éloigner longtemps : Philine s’occupait d’elles dans les plus petits détails, et les traitait comme des poupées ou des figurantes. Des rubans et d’autres ornements de féte, dans le goût du voisinage, furent mis à profit habilement, et l’on fit si bien que ces belles formes et ces jolis visages, couverts d’ordinaire avec une barbare pruderie, se trouvèrent un peu plus en évidence, et la vigueur parut relevée chez elles de quelque grâce.

Mais les personnes trop actives deviennent importunes dans une maison bien réglée : Philine, avec ses ciseaux avides, avait pénétré dans les chambres où se trouvaient les magasins d’étoffes destinées à l’usage de la grande famille. Elle souriait avec bonheur à la perspective de couper tout cela. Il fallut véritablement l’écarter et fermer soigneusement les portes, car elle ne savait pas s’arrêter. Angéla ne voulut pas être traitée en fiancée, parce qu’elle redoutai^une pareille coupeuse. En général, il ne se forma pas entre ces deux personnes d’heureuses relations : nous pourrons en parler plus tard.

Montan tarda plus longtemps à venir qu’on ne l’avait supposé, et Philine sollicita la faveur d’être présentée à Macarie. On y consentit, dans l’espérance d’être plus tôt délivré d’elle. Ce fut une chose assez remarquable de voir les deux pécheresses aux pieds de la sainte. Elles étaient à genoux de part et d’autre : Philine, entre ses deux enfants, qu’avec une gracieuse vivacité, elle obligeait à se prosterner. Toujours gaie et légère, elle dit :

« J’aime mon mari, mes enfants ; je travaille volontiers pour eux et aussi pour les autres : le reste, tu le pardonnes ! »

Macarie la salua et la bénit, et Philine se retira en faisant une modeste révérence.

Lydie élait à(la gauche de Macarie, le visage appuyé sur ses genoux ; elle pleurait amèrement et ne pouvait prononcer une parole. Macarie, devinant ses pleurs, lui frappa doucement sur l’épaule, comme pour l’apaiser, puis elle lui baisa la tête. Elle y revint à plusieurs reprises, avec ferveur, dans une intention pieuse. Lydie se releva, d’abord sur ses ge-