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au lieu de répondre loyalement à notre confiance, ils suivent leurs vues ; ils contrarient nos vœux et gâtent notre avenir. »

Mais je revins bientôt de mon injustice ; je donnai raison à mon ami, considérant surtout la situation présente, et je ne pus m’empêcher de lire les réflexions suivantes :

« Dans les premiers instants de sa vie, l’homme ne se connaît point, puis il se connaît à demi et enfin tout à fait. Il se trouve continuellement gêné, resserré dans sa position ; mais, comme il ne connaît jamais le but et l’objet de son existence, et que le mystère en est caché par une main souveraine, il va tâtonnant, il saisit, laisse échapper, s’arrête, se met en mouvement, balance et se précipite, tombant, de mille manières, dans toutes les erreurs qui nous égarent. »

« Le plus sage est lui-même forcé, dans la vie journalière, d’être sage pour le moment présent, et ne parvient, par conséquent, à aucune vérité générale. Rarement ’sait-il d’une manière certaine de quel côté il devra se diriger plus tard, et ce qu’il devra proprement faire ou éviter. »

« Heureusement la réponse à toutes ces questions bizarres et à cent autres encore est dans votre vie incessamment active. Persévérez dans l’observation immédiate des devoirs du jour, et sondez en même temps la pureté de votre cœur et la sûreté de votre esprit. Puis, lorsque vous reprendrez haleine, dans une heure de liberté, et que vous trouverez le loisir d’élever vos pensées, vous y gagnerez assurément une bonne situation visà-vis du Très-Haut, auquel nous devons nous abandonner humblement sans réserve, considérant chaque événement avec respect, et y reconnaissant une direction suprême. »

Samedi, 20

Plongé dans des pensées au milieu desquelles une âme affectueuse ne refusera point de s’égarer avec moi, j’allais et je venais, au point du jour, sur la rive du lac : la maîtresse de la maison (je me sentais heureux de n’être pas obligé de voir en elle une veuve) se montra d’abord à la fenêtre, puis sur le seuil