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« Je ne me répète point…. car toute notre vie sera une répétition de ces paroles ; je n’ajoute plus qu’une observation : celui qui se voue à un art positif doit s’y consacrer pour la vie. Jusqu’à ce jour, on le nommait profession manuelle : c’était parfaitement juste ; les ouvriers devaient agir avec la main, et, si tel est l’office de la main, il faut qu’une vie propre l’anime ; il faut qu’elle soit à elle-même une nature, qu’elle ait ses pensées .propres, sa volonté propre : or elle ne peut y parvenir de diverses manières- »

L’orateur ayant terminé son discours par quelques bonnes paroles, tous les assistants se levèrent, et.les ouvriers, au lieu de se retirer, se formèrent en cercle régulier, devant la table des chefs qu’ils acceptaient. Odoardo fit circuler entre eux une feuille imprimée, où se trouvait ce chant familier, qu’ils chantèrent gaiement, dans un mouvement modéré, sur une mélodie connue :

  • Rester, partir, partir, rester…. désormais seront chose égale pour l’homme de courage. Les lieux où nous faisons une œuvre utile sont le plus digue séjour. Te suivre nous sera facile : qui se laisse conduire arrive au but. Montre à nos yeux une patrie certaine ! Béni soit le guide ! bénie, l’Union !

« Tu répartis la force et le fardeau, et tu les mesures avec justesse : au vieillard, tu donnes repos et dignité ; au jeune homme, du travail et une compagne. La mutuelle confiance bâtit une cabane proprette, ferme la cour et le jardin, et puis se fie au voisinage.

« Aux lieux où, près de routes bien aplanies,-on s’arrête dans une auberge nouvelle ; où l’on assigne, d’une main libérale, des terres à l’étranger, nous fixerons notre demeure avec d’autres colons. Hâtez-vous, hâtez-vous d’entrer dans la fidèle patrie ! Béni soit le guide ! bénie. l’Union ! »