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« Il y a dans chaque district trois directeurs de police, qui se relayent toutes les huit heures, comme dans les mines, où le travail ne doit pas non plus chômer, et un de nos hommes doit surtout être disponible pendant la nuit.

« Ils ont le droit d’exhorter, de blâmer, de censurer et de mettre à l’écart ; s’ils le trouvent nécessaire, ils convoquent des jurés, en nombre plus ou moins grand ; si les voix sont égales, ce n’est pas le président, c’est le sort, qui décide, parce qu’on est persuadé que, dans les cas où les voix sont partagées, il est toujours indifférent que l’on prenne l’un ou l’autre parti. Au sujet de la majorité, nous avons des idées toutes particulières : nous la laissons faire la loi dans le cours nécessaire des choses de la vie ; niais, dans un sens plus élevé, nous n’avons pas en elle beaucoup de confiance. Au reste, je ne dois pas m’expliquer plus amplement sur ce point.

« Quand on demandera l’autorité supérieure qui dirige tout, on ne la trouvera jamais fixée en un même lieu : elle circule sans cesse, pour maintenir l’égalité dans les choses principales, et laisser à chacun son libre arbitre dans les choses facultatives. Cela s’est vu déjà dans l’histoire : les empereurs d’Allemagne passaient de lieu en lieu, et cette institution est surtout conforme à l’esprit des États libres. Nous redoutons une capitale, bien que nous voyions déjà le point de nos domaines où le plus grand nombre d’hommes affluera. Mais nous évitons d’en parler : cela viendra peu à peu, et toujours assez tôt.

» Voilà en général les points sur lesquels nous sommes presque entièrement d’accord : cependant, quand les membres de la société seront réunis, en grand ou en petit nombre, ils pourront toujours les discuter de nouveau. L’essentiel est que nous soyons sur les lieux. C’est proprement à la loi de formuler la nouvelle constitution, qui sera permanente.

« Nos châtiments sont légers. Tout homme d’un certain âge peut se permettre l’avertissement ; les vieillards les plus considérables peuvent seuls désapprouver et censurer ; infliger une peine n’appartient qu’à un certain nombre d’hommes convoqués à cet effet. On observe que les lois rigoureuses faiblissent bientôt et se relâchent peu à peu, parce que la nature maintient toujours ses droits. Nos lois sont indulgentes, afin de pouvoir de-