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yeux, se jeta au cou de son ami, avec la joie de l’abandon le plus tendre, qui renaît à la vie ; elle vit comme ses yeux noirs reprirent leur éclat, comme un frais incarnat colora, embellit tout à coup ses joues pâlies. Florine semblait véritablement rajeunie, charmante, délicieuse.

Albertine était debout, les yeux baissés, seule, à peine remarquée. Les amants revinrent à eux-mêmes, ils reprirent contenance, mais le mal était fait. On fut cependant obligé de remonter ensemble en voiture ; et, dans l’enfer même, des cœurs ennemis, des traîtres et leurs victimes, ne sauraient être entassés aussi étroitement.


CHAPITRE XI.

Lénardo fut très-activement occupé, pendant quelques jours, à pourvoir les éinigrants de toutes les choses nécessaires, et Odoardo, de son côté, à faire connaissance avec ceux qui restaient, à se rendre compte de leur capacité, pour les instruire suffisamment de son but. Dans l’intervalle, Wilhelm et Frédéric eurent le temps et la liberté de se livrer à de paisibles entretiens. Wilhelm se fit exposer le plan général de l’Union, et, lorsqu’on se fut assez familiarisé avec la contrée, qu’on eut exprimé l’espérance de voir une nombreuse population se développer dans un vaste territoire, la conversation finit naturellement par se tourner vers ce qui unit proprement les hommes, savoir la religion et la morale. Là-dessus le joyeux Frédéric sut donner des explications suffisantes, et l’on nous serait peutêtre obligé, si nous pouvions rapporter la conversation tout entière, qui, par une suite de questions et de réponses, d’objections et d’explications, se développa très-convenablement, et, par divers détours, s’avança doucement vers son véritable