chefs ses vues et ses projets, et produisit ses pouvoirs. Mais il ne put entrer, avec des hommes si distingués, dans de plus amples détails au sujet de l’affaire, sans parler de la base tout humaine sur laquelle l’ensemble reposait. De là, des explica- * tions mutuelles et des confidences, relatives à leurs plus chers et plus profonds intérêts, se développèrent dans la suite de l’entretien. Ils restèrent ensemble une grande partie de la nuit, et s’engagèrent, se perdirent de plus en plus dans le labyrinthe des destinées et des sentiments humains. Odoardo fut entraîné insensiblement à faire, comme par fragments, l’histoire confidentielle de son esprit et de son cœur : c’est pourquoi nous n’avons recueilli de cet entretien qu’une notice incomplète et insuffisante. Cependant nous devons à l’heureuse mémoire de Frédéric et à son talent de rédaction la reproduction de scènes intéressantes, et quelques éclaircissements sur la vie de cet homme excellent, qui commence à captiver notre attention, ne fût-ce que par l’indication des choses qui seront peut-être exposées dans la suite avec plus de détails et de liaison.
Pas trop loin.
Dix heures du soir venaient de sonner, et tout se trouvait prêt pour le moment convenu ; dans la petite salle décorée, était dressée, pour quatre personnes, une grande table élégamment servie ; un friand dessert et des sucreries étaient disposés entre les éblouissantes bougies et les fleurs. Quel plaisir pour les enfants que ce dessert ! Car ils devaient prendre place à table. En attendant, ils circulaient alentour, parés et masqués, et, comme on ne saurait défigurer les enfants, ils paraissaient sous les traits de deux génies jumeaux, les plus jolis du monde. Le père ’ les appela devant lui, et, avec un peu de secours, ils récitèrent fort gentiment le dialogue en vers, composé pour le jour de naissance de leur mère.
Le temps passait : de quart d’heure en quart d’heure, la bonne vieille ne pouvait s’empêcher d’augmenter l’impatience de son maître. Plusieurs lampes, disait-elle, allaient s’éteindre dans l’escalier ; les mets favoris de madame ne pourraient se conserver