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Les plus considérables et les plus élevés consistent proprement en biens mobiliers, et dans les choses que produit le mouvemeut de la vie.

« C’est de ce côté que nous sommes obligés particulièrement, nous autres jeunes gens, de chercher nos ressources : car, eussions-nous même l’envie de rester et de nous fixer, à l’exemple de nos pères, nous sommes néanmoins invités de mille Vnanières à ne pas fermer les yeux devant les perspectives lointaines et le vaste horizon. Courons donc au rivage de la mer ; qu’un regard nous fasse comprendre quels champs immenses d’activité nous sont ouverts, et, à cette seule pensée, nous sentirons en nous une ardeur toute nouvelle.

« Mais nous ne voulons pas nous perdre dans des espaces sans limites ; nous voulons fixer notre attention sur le sol continu, large et spacieux, de tant de pays et de royaumes. Là, nous voyons de vastes contrées parcourues par des peuples nomades, dont les cités sont mobiles, dont les troupeaux nourriciers, propriété vivante, veulent être promenés en tous lieux. Nous les voyons, au milieu du désert, dans de grands et verts pâturages, comme à l’ancre dans le port souhaité. Ce mouvement, ces migrations, sont pour eux une habitude, un besoin ; ils finissent par considérer la surface du globe comme si elle n’était pas diguée par des montagnes, sillonnée par des fleuves. Nous avons vu pourtant le nord-est se porter contre le sud-ouest, un peuple chasser l’autre devant lui, la souveraineté et la possession du sol absolument changées.

« On verra plus d’une fois, dans le cours des âges, le même flot déborder des pays trop populeux. Ce que nous devons attendre de l’étranger, il serait difficile de le dire ; mais il est remarquable que nous-mêmes, par l’excès de notre population, nous nous pressons à l’intérieur mutuellement, et, sans attendre d’être chassés, nous nous chassons les uns les autres, prononçant contre nos frères la sentence d’exil.

« Voici donc le temps et le lieu de savoir, sans chagrin ni découragement, donner carrière en notre cœur à quelque mobilité ; de ne point réprimer l’humeur impatiente qui nous pousse à changer de pays. Toutefois, que nos desseins et nos projets ne soient pas l’œuvre de la passion, ni de quelque autre