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à la taille que vous me voyez ; après quoi, je passai l’anneau à mon doigt. En un clin d’œil, les fenêtres et les portes se fermèrent, les ailes rentrèrent dans le corps de logis ; au lieu du palais, j’avais à côté de moi une cassette, que je pris sur-le-champ et que j’emportai, non sans éprouver un agréable sentiment de me voir si grande et si forte : toujours de taille naine, en comparaison des arbres, des montagnes, des fleuves et des pays, mais géante, auprès du gazon et des herbes, et surtout auprès des fourmis, avec lesquelles, nous autres nains, nous ne sommes pas toujours en bons rapports et dont nous avons souvent à souffrir.

« J’aurais bien des choses à raconter sur ce qui m’est arrivé dans mon pèlerinage, avant que je fisse ta rencontre ; mais nul autre que toi ne m’a paru digne de renouveler et de perpétuer la race de l’illustre Eckwald. »

Pendant tout ce récit, j’avais eu, par moments, bonne envie de secouer la tête. Je fis à la belle diverses questions, sans obtenir des réponses bien satisfaisantes ; j’appris, au contraire, à mon vif chagrin, qu’après ce qui était arrivé, elle était forcée de retourner chez ses parents. Elle espérait, il est vrai, pouvoir me rejoindre ; toutefois, pour le moment, il était indispensable qu’elle se présentât devant eux, autrement tout serait fini pour elle et pour moi : les poches de la voiture cesseraient bientôt de payer, et quelles conséquences cela n’aurait-il pas encore ?

Quand j’appris que l’argent allait nous manquer, je n’en demandai pas davantage. Je haussai les épaules sans rien dire, mais elle parut me comprendre.

Nous fîmes nos paquets et nous montâmes en voiture, plaçant devant nous la cassette, à laquelle je ne pouvais trouver encore aucune ressemblance avec un palais. Nous courûmes plusieurs postes, payant, sans peine et largement, les chevaux et les pourboire, avec le secours des poches de droite et de gauche. Enfin nous arrivâmes dans une contrée montagneuse, et nous fûmes à peine descendus de voiture, que ma belle prit les devants. Sur son invitation, je la suivis, la cassette sous le bras. Elle me conduisit, par des sentiers assez rudes, dans une étroite prairie, à travers laquelle une source claire tombait en cascades, puis courait en faisant mille détours. Là, elle m’indiqua une place